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La place Kléber (partie 3/4)

23 mars 2019, par Matthias

Troisième volet (voir le premier article) de notre série dédiée à la place Kléber, ici nous découvrirons un siècle tourmenté et la naissance d’un espace urbain. Mais aussi nous verrons que certaines problématiques n’ont rien de nouveau…

Anciennement place des cordeliers, le couvent des Franciscains et la Pfennigturm vers 1640

La Place au 16ème siècle

Ce siècle va voir la naissance de la place en terme d’espace plus ou moins comme nous la connaissons aujourd’hui. Période de profondes transformations de la spiritualité et des mentalités, le  XVIème siècle démarre en trombe avec les écrits de Martin Luther qui conduiront à la Réforme. Strasbourg fut d’ailleurs l’un des berceaux du protestantisme et a largement contribué à la diffusion de ses idées, grâce notamment à l’imprimerie et aux humanistes. La Réforme suggère et annonce son lot de changements, notre objet du jour. La place Kléber ne sera pas épargnée.

Détail du Plan Morant (1548) - Le Couvent des Franciscains et la Pfennigturm sur la place des Cordeliers

Beaucoup d’établissements religieux vont être abandonnés, voire détruits. Et il en est un, imposant, qui occupait une bonne partie de la place : l’église des Franciscains.

En réalité cet ordre monastique avait largement investi ce lieu. En plus de l’église, il y avait aussi un hospice, un cloître et une école. Suite à la dissolution des frères franciscains, l’ensemble des bâtiments finira par être abandonné vers 1524. C’est la ville qui récupère ces derniers, qu’elle saura rapidement utiliser par la force des événements. En effet, les guerres vont précipiter des milliers de réfugiés vers les portes de Strasbourg. Ils sont accueillis et logés dans ces locaux fraîchement acquis, et ce jusqu’en 1530, année où un incendie  endommage le couvent et autres bâtiments.

La démolition de ces enceintes n’est plus qu’une question de temps. Une fois achevée, un grand espace au centre se libère et la place va connaître un nouveau visage, plus proche de celui que nous lui connaissons de nos jours, en terme d’espace.

Au-delà de l’architecture, de l’urbanisme, de l’espace, autre chose fait écho au présent dans ce texte, il s’agit évidemment de la question des réfugiés. Strasbourg a, bon nombre de fois par le passé, été une terre d’asile, d’accueil, où différents peuples, différentes cultures, croyances se sont rencontrés et coexistaient. Par nature, Strasbourg étant la ville des routes, la cité a tenu un véritable rôle de croisement, de rencontre de gens venant de tout le continent. Et aujourd’hui encore nous sommes face à des défis migratoires. Aujourd’hui encore, certains fuient la guerre et cherchent un abri, et demain ce seront des populations encore plus importantes avec les migrants climatiques. Des questions qui font le commerce des populismes qui reviennent avec force partout dans le monde. Si Strasbourg est la capitale européenne aujourd’hui, une Europe avant tout de la paix, c’est précisément de par son histoire. Cette histoire que nous effleurons ici et là au cours de nos Free Tours. Cette histoire que j’aborde en partie ici sur ce blog. Cette histoire, ne l’oublions pas.