La Place Kléber (partie 4/4)
29 mars 2019, par Matthias
Suite et fin de la série dédiée à notre place centrale (voir le début de la série), nous n’en n’aurons toujours pas fait le tour à l’issue de ce dernier billet, mais si je m’amuse à tout vous raconter ici sur ces pages, comment puis-je espérer susciter suffisamment de curiosité en vous pour vous faire lever de votre canapé et venir gambader avec Happy Strasbourg ?
Allons découvrir ensemble la dernière strate révélée par les archéologues en 1967, alors que l’on creusait la place pour y installer un parking sous-terrain. Si vous vous souvenez bien, c’est dans ce parking que nous avons démarré. Voilà la boucle bouclée.
La place au 14e siècle
En 1349 la peste frappe la ville de Strasbourg et les ravages seront considérables. Désemparés par un tel spectacle qui frappe riches, pauvres, enfants, religieux ou hérétiques, les hommes ne savent que faire et vont avoir bientôt besoin d’un bouc-émissaire. Sans trop de surprise, il est une communauté qui a déjà connu des persécutions par le passé, la voilà qui s’apprête cette fois à subir un véritable massacre.
Le jour de la Saint-Valentin 1349, les habitants, emmenés par les bourgeois des différentes corporations, vont créer un grand bûcher sur lequel des milliers d’âmes de confession juive périront. Accusés d’être responsables du mal qui frappait la ville, les juifs seront « punis » par la folie collective. Il est là un épisode qui ne rehausse guère l’image de l’humanité.
Strasbourg avait pourtant montré l’exemple à de nombreuses reprises en accueillant et protégeant les populations juives, alors souvent persécutées ailleurs. Les Stettmeister et Ammeister (les responsables politiques de la ville) avaient accordé l’asile, la protection aux juifs, moyennant évidemment une lourde taxe, prélevée sur l’usure que pratiquaient les juifs. On comprend alors mieux pourquoi ils deviennent une cible. Imaginez un instant que vous contractez une dette début février et que votre créancier meurt le 14 du même mois, pratique non ?