Strasbourg, l’origine d’une ville libre
13 décembre 2018, par Leo
Aujourd’hui nous vivons dans une ville de Strasbourg cosmopolite, française et européenne. Un Strasbourg qui a connu bien des changements politiques, militaires et culturels. Mais au détour d’un arrêt de nos Free tours on peut entendre parler de Strasbourg en tant que ville libre, indépendante, prenant ses propres décisions politiques, sans doute racontée avec une pointe de fierté.
Tout d’abord le quand ?
Pendant longtemps Strasbourg était une ville soumise directement aux rois et empereurs du Saint Empire Romain Germanique, dont le gouverneur mis en place n’était autre que l’évêque de Strasbourg, sans passer par la case comte, duc ou autre. L’évêque y exerçait son pouvoir par l’entremise de quelques administratifs prenant en charge la gestion courante. Pour autant, la ville ne devint pas une incarnation du fief épiscopale, au contraire, toutes les occasions de se soustraire à l’influence de l’évêque furent exploitées.
Jouant régulièrement de l’opposition entre la Papauté et l’Empereur en se plaçant du côté de ce dernier, Strasbourg réussit à se faire souvent récompenser de la fidélité envers la Couronne. Ainsi, déjà au XIIème siècle l’empereur Henri V donne le droit à la ville de se doter de son propre conseil de ville, au grand déplaisir de l’évêque. Le XIIème et le XIIIème siècles sont une continuelle guerre d’influence entre les institutions grandissantes de la ville et l’évêque qui veut en garder la mainmise.
Une déclaration de droits
Le point de non-retour fut atteint lorsque l’empereur Conrad IV, dernier de sa lignée, mourut, laissant derrière lui une guerre d’influence à travers l’Empire. Comme beaucoup de villes, Strasbourg exploita l’interrègne avant l’élection de l’empereur suivant pour revendiquer sa propre gestion. En 1253 les villes rhénanes, de Bâle à Cologne, en passant par Strasbourg se liguent pour se soutenir mutuellement. Mais face à un pouvoir aussi conséquent qu’un évêque, sans compter les autres seigneurs des environs, rien de tel qu’une bonne vieille épée pour se faire respecter. Strasbourg arme donc cent bateaux remplis d’archers, et fait signer ses nouveaux statuts par les voisins manquant de conviction. Une affaire rondement menée puisque l’empereur suivant ratifia l’affaire.
Le point culminant
Mais un droit revendiqué à la pointe de la flèche se voit volontier contré par l’épée. Les évêques de Strasbourg successifs ne l’entendaient pas de cette oreille. Walther de Geroldseck, tenant du titre en 1262, essaie de “mettre la ville en interdit”, c’est à dire momentanément l’excommunier. Qu’à cela ne tienne, Strasbourg oblige ses prêtres à officier, et rase un château (Haldenbourg) à côté de Mundolsheim, histoire de mettre les choses au clair.
Et c’est parti pour l’escalade ! L’histoire se règle au final près d’Oberhausbergen, dans les armes et le sang. Celui du frère de l’évêque au passage. D’ailleurs quelques villages de l’évêque furent incendiés aussi, pour marquer le coup.
Et voilà, on entame les pourparlers !
On boucle ça en 1264, ne laissant plus qu’une lointaine influence à l’évêque, et les coudées franches à la ville dorénavant sous tutelle directe de l’Empereur. Il faut pourtant encore attendre 60 ans avant la rédaction de la première constitution de Strasbourg : le Schwörbrief, n°1 d’une longue suite de variations sur le thème.