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La Maison Rouge
– partie 2/2

28 avril 2020, par Remy

Les vilains petits canards ont aussi leur mot à dire :
2ème épisode (partie 2/2)

Après avoir évoqué dans cette rubrique la tour Valentin-Sorg et les origines de la Maison Rouge, attardons-nous aujourd’hui sur son histoire la plus récente et sur les pistes concernant son futur…

Pour ceux qui auraient loupé l’épisode précédent, ça se passe ici : La Maison Rouge – 1ère partie

Démolition de la Maison Rouge

Une nouvelle ère

La prochaine étape dans la vie du lieu va provoquer une véritable levée de boucliers de la part des Strasbourgeois. En 1973, il est prévu de démolir la Maison Rouge pour la remplacer par un centre commercial. Pour bien comprendre cette décision, il faut se replacer dans le contexte de cette époque : c’est l’essor de la grande consommation, les centre-villes se modifient et s’articulent autour des commerces plus encore qu’auparavant. Rappelons également que c’est l’âge d’or de la voiture et que la place Kléber est alors en grande partie couverte par un parking en surface. Les habitués du Strasbourg piéton qu’on connaît aujourd’hui seraient bien surpris !

Manifestation contre la destruction de la Maison Rouge en 1973

Les avis sont partagés quant à l’ancien bâtiment (certains parlent par exemple “d’un laborieux exercice de style d’une enflure wilhelminienne”). Mais de nombreux Strasbourgeois ont, semble-t-il, un attachement sincère à ce vieil hôtel et vont se battre pour sa préservation. Dans un premier temps, des courriers sont adressés à la ville. Puis c’est une manifestation qui s’organise devant le bâtiment. La ville fait la sourde oreille. Une association est créée et un recours en annulation déposé au tribunal administratif, en vain.

Qu’à cela ne tienne, juste avant que les travaux de démolition ne démarrent, du matériel de chantier est volé (400 kilos de boulons et de pièces métalliques pour une grue disparaissent en une nuit, tout de même) ou endommagé (une courroie du moteur de la grue est sectionné – décidément, pauvre grue). Malgré cette bataille acharnée, la démolition commence et sera achevée au bout de 9 mois.

Retour vers le futur

En 1978 est inaugurée la nouvelle Maison Rouge. C’est elle qu’on peut encore contempler aujourd’hui à cet endroit. Au moment de sa construction, ce bâtiment est résolument tourné vers l’avenir. De nos jours, on aurait plutôt tendance à y voir un anachronisme rétrofuturiste. Soyons honnêtes, pour de nombreux Strasbourgeois, c’est tout simplement “une verrue”.

Pourtant, son architecte (M. Herrenschmidt, alors architecte en chef des bâtiments civils et des palais nationaux), était vraisemblablement sincère dans sa volonté d’inscrire ici un hommage de son temps à l’architecture traditionnelle locale et à l’histoire du lieu. 

C’est ainsi qu’on retrouve au niveau du toit une division en cinq éléments, qui rappellent les cinq bâtiments d’origine. De même, les toits en pente, les chiens assis (ces fenêtres qui “sortent” de la toiture), rappellent les toitures environnantes. Les décrochements de façade évoquent les encorbellements des maisons traditionnelles et les fenêtres “barrées” sont un clin d’œil aux colombages. Enfin, la zone couverte devant l’entrée, où déambuler, était une référence selon les mots de l’architecte “à la tradition strasbourgeoise des arcades”.

La Maison Rouge en 2017 (photo Guilhem Vellut)

Peut-être pas de quoi tomber en amour pour cette Maison Rouge, mais assez selon moi pour ne plus la vilipender ! Et puis, qui sait, peut-être que dans une soixantaine d’années, pour son centenaire, les gens en seront fous ? D’ailleurs, le destin ne serait-il pas sur le point de lui donner un coup de pouce dans cette direction ?

 

Une (nouvelle) renaissance en vue

Ce tour d’horizon ne serait effectivement pas complet sans évoquer l’avenir du bâtiment : celui-ci est promis à une rénovation de grande envergure. Hélas, la date exacte du démarrage des travaux n’est pas connue. Le projet ne date pas d’hier et à maintes fois été retardé.

Toutefois, fin 2018, une grande avancée semble être faite avec la vente du terrain sous l’actuel surplomb, qui faisait jusqu’alors toujours partie de l’espace public. A cet instant, on s’imagine que toutes les formalités sont remplies. Mais du chantier, nulle trace en 2019. Pas d’informations non plus à se mettre sous la dent. Il ne reste donc plus qu’à être patient et à rêvasser quant au futur résultat. Une seule chose semble certaine : le rouge ne fera pas son grand retour sur la façade. A la place, le jeu de reflets devrait être accentué.

Illustration d'architecte pour la rénovation de la Maison Rouge "prévue en 2019"

Comme nos Free Tours passent immanquablement place Kléber, comptez sur moi pour garder l’œil ouvert au cours dans les prochains mois (les prochaines années ?). Ou bien vous pouvez aussi tout simplement faire une de nos visites guidées et nous pourrons en deviser de vive voix 😉