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L’Église Saint Pierre Le Jeune protestant

25 septembre 2019, par Gustave

Ce n’est sans doute pas la plus connue, ce n’est certainement pas la plus visible, elle passe probablement inaperçue du voyageur de passage à Strasbourg… et pourtant, l’église Saint Pierre le Jeune protestant de Strasbourg a bien des témoignages à nous apporter sur l’histoire de la ville.

 

Aux origines de Strasbourg

Alors que le site de l’actuelle église est encore hors les murs, des fouilles ont permis de découvrir un hypogée daté du VIII – IXème siècle.
Nous sommes dans une période obscure de l’histoire de Strasbourg, mais cela atteste que la tradition romaine se perpétue jusqu’à l’époque mérovingienne et que les morts sont enterrés en dehors de la cité. L’emplacement n’a rien d’étonnant, puisque le sanctuaire est situé en marge de la prolongation du Cardo d’Argentoratum, l’axe majeur Nord-Sud, l’actuelle rue de la Nuée Bleue… et oui, l’une des rues les plus vieilles de Strasbourg !

Saint Pierre Le Jeune protestant, côté nord-ouest

L’église actuelle

Cette église étant un patchwork de constructions et de reconstructions successives, il est bien difficile de lui attribuer une date de construction… Mais nous savons qu’elle est consacrée autour de 1050, encore hors de l’enceinte de la ville à cette époque. Pour cette raison peut-être, son entretien laisse à désirer, mais les trois premiers niveaux de la tour occidentale, et surtout le cloître, nous évoquent encore ces temps passés.

Le cloître de Saint Pierre Le Jeune protestant

Il faudra attendre 1290 et son intégration dans le territoire urbain pour que jaillissent les nefs et le chœur actuellement visibles.  Moins d’un siècle plus tard, 3 chapelles seront construites autour de la tour : celle dédiée à Saint Jean, une autre à Saint Nicolas, et la dernière baptisée chapelle des Zorn, nom bien connu des initiés à l’histoire de Strasbourg. En 1491, Hans Hammer construira également la Chapelle de la Trinité, juste sous le chœur, témoignant de l’importance de la paroisse.

Enfin, il faudra attendre la fin du XIXème siècle et les rénovations de Karl Schaeffer pour que notre église prenne son visage actuel. Son apport le plus notable sera le nouveau portail sud, surnommé « portail d’Erwin ». Un hommage au portail de la Cathédrale, plus particulièrement avec les Vierges Sages et les Vierges Folles, ou encore une représentation mise au goût du jour de l’Église et de la Synagogue.

A l’intérieur de Saint Pierre le Jeune

Parmi les nombreux joyaux que recèle cette église, il ne faut surtout pas rater son cloître, mentionné ci-dessus, qui compte parmi les plus vieux de France. Quoi qu’entièrement restaurées par Schaeffer, les galeries nord, ouest et sud sont restituées fidèlement à leur style d’origine, avec réemploi des matériaux déterrés lors de la restauration.

Il faut également prendre le temps d’observer la fresque de la Navicelle, peinte vers 1320, allégorie de l’Église et reprise de la Mosaïque de Giotto di Bondone pour Saint-Pierre de Rome, quelques décennies auparavant.

Enfin, le meilleur pour terminer, venez admirer le jubé, l’un des rares ayant survécu à la Réforme et à la Révolution. En fait, l’unique jubé gothique resté intact en Alsace. Pour ne rien gâcher, celui-ci sert également de support au magnifique orgue Silbermann de 1780.

Le jubé de Saint Pierre Le Jeune protestant avec son orgue
Saint Pierre Le Jeune protestant, côté sud-ouest