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L’Art Nouveau à Strasbourg

20 avril 2019, par Gustave

 

A l’origine un courant idéologique initié par les artisans, l’Art Nouveau s’épanouit sur une très courte période, entre la dernière décennie du XIXème siècle et la Grande Guerre. Peu de temps certes, mais il laissera une empreinte encore visible aujourd’hui à Strasbourg.

Le bâtiment de la Haute École des Arts du Rhin (HEAR) à Strasbourg

L’Art Nouveau : Origine et expansion

Résumé en une expression, l’Art Nouveau est un « art pour tout et un art pour tous ». Un art pour tout, puisqu’il concerne l’architecture, le mobilier (privé et urbain), les arts graphiques, la typographie,… et un art pour tous, notamment à travers les objets mobiliers du quotidien (armoires, bureaux, chaises, vaisselle,…).

Ayant rayonné à travers toute l’Europe (et même aux Etats-Unis), la particularité de ce courant est qu’il trouvera dans chaque pays des expressions sensiblement différentes, conférant ainsi une caractéristique nationale identitaire partout où nous le voyons émerger. Il sera initié au Royaume-Uni, sous le nom de « Modern’style », avant de traverser la Manche pour s’appeler Art Nouveau en France et en Belgique, « Jugendstil » en Allemagne, « Sezessionstil » en Autriche, ou encore Modernismo en Espagne.

Entrée de métro Guimard, porte Dauphine à Paris

En France, le courant trouve un très bon accueil à Paris (on retrouve encore aujourd’hui les entrées de Métro de Guimard), et à l’Ecole de Nancy, qui influencera grandement les architectes strasbourgeois. En Allemagne, l’un des principaux foyers de diffusions est à Darmstadt, le Grand Duc de Hesse (grand promoteur du Jugendstil) y ayant fondé une colonie d’artistes.

Les tendances françaises prônent la nature, les motifs floraux, on travaille avec les naturalistes. C’est le triomphe du végétal et de l’animal. En Allemagne, les artistes s’orientent vers la géométrie et les formes cubiques simples, une ornementation linéaire, des arabesques élégantes.  Le cas de Strasbourg est tout à fait intéressant, puisque nous assistons justement à la fusion de ces deux orientations. C’est d’ailleurs un thème couramment proposé à l’occasion de nos visites guidées de Strasbourg.

 

Strasbourg : la rencontre des styles allemand et français

Si l’on retrouve la plupart de ces réalisations dans la Neustadt, l’exemple le plus parlant de ce brassage est sans doute situé sur la Grande-île : l’ancien magasin Manrique, au 33 rue des Grandes Arcades… accueillant aujourd’hui une grande enseigne de restauration rapide. Achevé en 1897, on retrouve les lignes soignées des encadrements de fenêtres, où l’utilisation du fer domine : nous sommes en plein essor industriel. Au troisième niveau, les baies laissent place à la céramique, qui reprend des bouquets de fleurs, motifs directement empruntés aux influences françaises. Et cela n’est pas un hasard ! Les deux architectes à l’origine de ce bâtiment, Gustave Krafft et Jules Berninger, sont tous les deux strasbourgeois, et ont tous les deux étudié en Allemagne et à Paris !

Le magasin Manrique, style Art Nouveau ou Jugendstil

Il serait par ailleurs inconvenant de ne pas évoquer dans cet article l’actuelle HEAR (Haute Ecole des Arts du Rhin), à l’entrée de la Krutenau. Entièrement revêtue de céramique polychrome, sa façade représente les allégories des enseignements dispensés par l’Ecole, agrémentées de boutons, feuilles, corolles de fleurs… sans oublier les armoiries de l’Alsace et de la Lorraine. Une école à la gloire du renouveau de l’Art, teintée d’intentions pangermaniques, dans la capitale du Reichsland annexé 21 ans auparavant.

Quittons-nous avec la Maison Egyptienne, rue du Général Rapp, autre flambeau de l’Art Nouveau. Un mélange surprenant de toutes les influences de l’époque, auquel le propriétaire ajoute sa vision idéalisée de l’Egypte antique… Un voyage au pays des Pharaons !

La maison égyptienne dans la rue du Général Rapp à Strasbourg